La mode québécoise: vers un nouvel envol?

Publié le Mis à jour le

(Texte publié sur le site Plateau arts et culture le 25 janvier 2014)

Annie 50, robe "Betty Boop"
Annie 50, robe « Betty Boop »

Chaque semaine, j’aime à partager avec les lecteurs de Plateau Arts et Culture mes coups de cœurs en matière de culture québécoise. Au courant des prochaines semaines, je présenterai un dossier sur la mode québécoise, un secteur jeune en pleine effervescence. Que ce soit pour les aliments, la musique, la télé ou la mode, je suis une fervente pratiquante de l’« achat local ». Dans cet esprit, depuis quelques années, je me fais un devoir de me procurer le plus souvent possible des vêtements faits au Québec.

Par contre, force est de constater que la tâche est parfois ardue puisque peu de commerces et de grands magasins offrent des produits faits ici. Néanmoins, au fil du temps, j’ai découvert quelques boutiques, la plupart situées dans le Plateau Mont-Royal, qui se sont données pour mission de faire une belle place aux créateurs d’ici. Je pense à la boutique Aime Com Moi sur l’Avenue Mont-Royal Ouest, Jeunes d’Amérique sur la rue Saint-Denis ou bien évidemment, Belle et Rebelle, boutique emblématique de l’achat local québécois qui a pignon sur rue sur la Plaza Saint-Hubert. Dans la vieille capitale, on peut compter sur la boutique Signatures québécoises qui met en vitrine une trentaine de designers québécois établis et de la relève.

Malgré ces initiatives bienvenues et encourageantes pour l’avenir, les ventes de vêtements québécois sont marginales. Selon un article du Devoir paru en novembre dernier, seulement 3% des consommateurs Québécois se procurent des vêtements conçus au Québec. Du même souffle, l’article rendait publique une pétition portée par une cinquantaine de créateurs exhortant le gouvernement et les médias à mieux soutenir et diffuser leur travail.

Deux raisons principales expliquent la place marginale qu’occupent les créateurs de mode québécois. D’abord, parce que, comme pour tous les secteurs des arts et de la culture, la tendance à la mondialisation est puissante. Des grandes chaînes comme American Apparel, Zara, H&M, GAP sont disponibles aux quatre coins du globe et imposent des styles vestimentaires. C’est aussi vrai pour les marques luxueuses comme Dior, Chanel, Gucci, Burburry, etc.

La deuxième explication se devine tout aussi aisément : pour offrir des vêtements à prix compétitifs, les commerçants doivent se procurer une marchandise confectionnée à bon marché, souvent en provenance des pays de l’Asie. Au tournant des années 2000, l’industrie du textile a connu une véritable hécatombe et de nombreuses entreprises ont dû se résoudre à fermer leurs portes. La faute est en grande partie attribuable à l’élimination progressive des quotas imposés par le Canada sur les importations de produits textiles qui ont pavé la voie aux importations de vêtements en provenance de l’Asie.

Nadya Toto Défilé automne-hiver 2011 Crédit photo: Jimmy Hamelin
Nadya Toto
Défilé automne-hiver 2011
Crédit photo: Jimmy Hamelin

Depuis quelques années, pour s’adapter aux réalités du marché, le secteur de la mode québécoise est en ébullition, après avoir vécu de nombreuses remises en question et une profonde mutation. rendue nécessaire pour arriver à survivre et se tailler une place auprès des consommateurs québécois.

Il ne faut pas oublier que la mode québécoise est un secteur encore bien jeune. Sauf exception, on voit apparaître les premiers créateurs ayant fondé leur propre ligne de vêtements durant les années 1980. Pour les produits de luxe, pensons à Denis Gagnon, Marie Saint-Pierre, Philippe Dubuc et Nadya Toto. Par la suite, après un certain passage à vide qui s’est observé au tournant des années 2000, plusieurs créateurs offrant des produits à prix plus démocratiques ont fait une entrée remarquée sur le tapis rouge : Annie 50, Ève Gravel, Mélissa Nepton, Luc Fontaine et Hayley Gibson avec sa ligne Birds of North America.

Durant les prochaines semaines, je présenterai différents portraits de créateurs, de diffuseurs, de commerçants et d’organisateurs incontournables du secteur de la mode qui ont fait le pari de supporter l’achat local. Avec eux, nous tenterons de voir s’il existe une signature proprement québécoise. Finalement, nous réfléchirons au rôle des médias et des lieux de diffusion dans la promotion de la mode québécoise pour voir ce qui peut être fait de plus ou de mieux pour mettre en valeur les talents d’ici.

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Myriam D’Arcy

Myriam D'Arcy Crédits André Chevrier
Myriam D’Arcy
Crédits André Chevrier

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