Mois : août 2014
Littérature et cinéma québécois: « Pour l’amour de la lecture : 5 films sur des auteurs québécois »
En marge de la campagne « Le 12 août, j’achète un livre québécois » qui a été couronné d’un vif succès notamment grâce aux réseaux sociaux, l’Office national du film (ONF) propose aux internautes 5 films portant sur de grands écrivains québécois, parmi lesquels se trouvent Hubert Aquin, Maurice G. Dantec, Ernest Dufault, Yin Chen et Germaine Guèvremont.
La sélection de films se trouve en ligne ici.
Bravo à l’ONF pour cette belle idée qui fait rayonner notre cinéma et notre littérature!

Une nouvelle chanson de Louis-Jean Cormier!
Le 19 août, les téléspectateurs de Pénélope McQuade ont eu le bonheur et le privilège d’entendre en primeur une toute nouvelle chanson de Louis-Jean Cormier « Le jour où elle m’a dit je pars ».
Une très belle chanson où simplement accompagné de sa guitare, Louis-Jean Cormier révèle encore une fois toute sa fragilité, son sens du rythme et sa grande qualité d’auteur comme en fait foi un très beau passage de la chanson: « Quand l’écho de son dernier « Trop tard » résonne autant… Ça s’recule-tu le temps? »
Louis-Jean Cormier est définitivement dans une classe à part. Il nous tarde d’entendre la suite du nouvel album à paraître.
Virage numérique: préservation du patrimoine et rayonnement de nos artistes (3)
Dossier sur l’industrie musicale québécoise
Je dois me confesser : j’aime beaucoup acheter des livres, des disques et des DVDs. Au fil des ans, ma bibliothèque s’enrichit et occupe de plus en plus d’espace à la maison. Sa présence est rassurante et témoigne du temps qui passe et de l’évolution de ma passion pour l’histoire, le cinéma et la musique.
Mes livres préférés proviennent des librairies d’ouvrages usagés car ils possèdent une histoire. Chacun a sa propre odeur et ses marques d’usure. Parfois, je m’amuse à déchiffrer des notes manuscrites griffonnées par le précédent propriétaire pour voir si nous avons noté les mêmes phrases, les mêmes passages. J’aime posséder des disques parce que les chansons d’un même album sont parties intégrantes d’une œuvre cohérente. Elles ont un sens, un message, plus que les chansons écoutées au hasard. D’ailleurs, je remarque que mes coups de cœur se font toujours quand j’écoute une, deux et trois fois de suite un même disque, quand l’atmosphère créée par l’artiste me gagne. Le livret, ses photos et les remerciements de l’artiste à son équipe m’intéressent aussi car ils en disent long sur la démarche artistique qui accompagne l’album.
Ces dernières années, le disque et le livre numériques ont gagné en popularité, ici et partout dans le monde comme en témoignent les statistiques publiés notamment par l’ADISQ. Jusqu’à tout récemment, je m’en désolais. À combien de discussions ai-je participé en me posant en défenderesse de l’objet contre le froid et immatériel support numérique devant des amis qui vantaient les vertus de la bibliothèque numérique. Imaginez : en voyage, plus besoin d’alourdir son bagage!
Même si je continue d’acheter la plupart de mes disques et tous mes livres, notamment avec le souci de les léguer à ceux qui me survivront, force est d’admettre que je découvre de plus en plus les avantages du support numérique. D’abord, sa diffusion ne connaît pas la distance et le frontières, mais surtout, il permet de conserver une œuvre sans craindre que le temps ne l’abîme.
Préserver notre mémoire
Les avancées technologiques de notre époque sont prodigieuses et permettent de conserver les œuvres et archives en leur assurant une longue vie. Les incendies, les guerres et les catastrophes naturelles peuvent effacer en quelques instants des pans entiers de notre mémoire et ainsi, altérer notre patrimoine. Les deux guerres mondiales ont rasé des villes et des monuments, des musées ont parfois été pillés et certaines œuvres perdues à jamais. À Montréal, en avril 1849, l’Hôtel du Parlement a été incendié par des émeutiers. Sont partis en fumée plus de 23 000 volumes, ainsi que les archives de l’Assemblée législative du Haut et du Bas-Canada. Des pertes considérables pour notre mémoire collective et pour les historiens. Aujourd’hui, heureusement, la numérisation des archives empêchent ces drames.
Les centres d’archives l’ont bien compris et depuis plusieurs années, la grande majorité des fonds publics et privés numérisent leurs collections. À titre d’exemple, en 2011, la Fondation Lionel-Groulx a fait don de l’ensemble des archives du grand historien à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ). Elle a aussi procédé à la numérisation de l’immense œuvre de Groulx pour s’assurer que les chercheurs et le grand public puissent accéder en un clic à ses écrits.
En plus d’assurer une meilleure conservation des archives de toutes natures, des journaux, des œuvres littéraires, musicales et cinématographiques, l’avènement du support numérique permet également une circulation infiniment plus importante des œuvres et documents. À ce sujet, saluons aussi le travail de moines effectué par les archivistes de BANQ qui, à ce jour, ont numérisé plus de 160 revues et journaux d’ici publiés depuis l’avènement de l’imprimerie au Québec.
Dans le domaine du cinéma, de beaux exemples de projets de préservation de notre patrimoine ont été menés ces dernières années. Le site de l’Office national du film (ONF) constitue une véritable mine d’or pour les cinéphiles puisque des milliers de films et documentaires produits par l’organisme sont disponibles gratuitement ou à prix modique. Il y a quelques jours, à l’occasion du 100e anniversaire de naissance de Félix Leclerc, l’ONF a également mis en ligne une section dédiée à Félix, en rendant disponibles 7 films auxquels il a participé.

De plus, en février dernier, l’ONF et le cinéma Excentris rendaient public un formidable partenariat conclu entre les deux institutions pour améliorer l’accessibilité du cinéma de répertoire en dehors de la métropole et dans toutes les régions du Québec. Depuis lors, certains titres sont présentés simultanément en salle à l’Excentris, ainsi que sur son site web et celui de l’ONF.
Essentiel projet Éléphant

En matière de préservation de notre patrimoine cinématographique, la palme revient sans hésitation à Québecor et son ambitieux et essentiel projet Éléphant qui s’est donné la mission d’être le gardien de la mémoire de notre cinéma. Depuis 2008, plus de 200 films ont été restaurés puis numérisés. À terme, ce sera l’ensemble des longs métrages québécois qui seront conservés sur la plateforme numérique et web. Ces films sont ensuite rendus disponibles au téléchargement (payants), notamment sur Illico pour les abonnés à Vidéotron et à l’ensemble du public sur ITunes Store. Ainsi, les Québécois peuvent découvrir ou redécouvrir des œuvres oubliées et celles-ci voyagent désormais à travers le monde. Il s’agit d’une vitrine exceptionnelle qui devrait inspirer les décideurs des autres domaines des arts.
Faciliter la circulation de nos œuvres
En effet, pour les mêmes raisons, le projet Éléphant devrait au premier chef inspirer les artisans de notre industrie musicale. La semaine dernière, mon texte portait sur les différentes avenues à explorer pour augmenter la diffusion et le rayonnement de nos artistes de la chanson. Lors d’un entretien qu’a accordé Philippe Renaud à Coups de cœur d’ici, (journaliste indépendant, critique de musique, chroniqueur et coanimateur de l’émission Les hauts-parleurs à Musique Plus) dans le cadre de la publication de ce dossier sur l’industrie musicale, il a formulé une proposition portant sur la mise sur pied d’une bibliothèque numérique où serait déposée l’ensemble de la production musicale québécoise. À mon avis, en collaboration avec les maisons de disques et les artistes indépendants, cette bibliothèque pourrait être administrée par l’ADISQ ou un organisme public qui serait dépositaire de notre production musicale.
Il y a de cela quelques années, avec un ami, j’ai longuement cherché une copie de la chanson « Le chemin du Roy » de Jean-Pierre Ferland, qu’on peut entendre dans le merveilleux documentaire du même nom (Québec – Ad Hoc Films en collaboration avec Télé-Québec, 2005) portant sur la venue du Général de Gaulle au Québec en 1967. Cette chanson n’était disponible nulle part. Après bien des aventures, cet ami est parvenu à la trouver sur un vieux disque, qu’un bon samaritain s’est empressé de numériser. Un répertoire musical comme celui d’Éléphant nous aurait rapidement permis de retrouver cette chanson et la faire revivre auprès de nos proches.
Plateformes de musique québécoise en écoute libre
Lors d’une entrevue réalisée avec l’animatrice Rebecca Makonnen, nous avons réfléchi aux moyens à prendre pour augmenter la présence de nos artistes de la chanson sur la toile. À son avis, à l’image des nombreux sites qui offrent ce type de contenus à travers le monde, tel Deezer, Spotify ou Songza, une plateforme web de chansons en écoute libre offrant un contenu uniquement québécois devrait être mise sur pied. Une recherche rapide sur ces sites montre bien que les propositions québécoises se font très rares. Voilà pourquoi nous devrions avoir le nôtre. Des listes de chansons pourraient être élaborées selon plusieurs styles, ambiances et thèmes différents. Comme la chaîne télé web Netflix l’abonnement mensuel pourrait coûter quelques dollars pour assurer une juste rétribution aux artistes et leurs maisons de disques. Ainsi, les mélomanes curieux pourraient faire des belles découvertes au hasard des chansons diffusées et les créateurs disposeraient d’une vitrine supplémentaire en plus des spectacles, des médias et des réseaux sociaux.
Finalement, le virage numérique permet aussi une diffusion plus importante de la culture au sens large. Les productions télévisuelles, les arts de la scène, la mode, le design et les arts visuels tentent chacun à la mesure de leurs moyens de prendre le fameux virage numérique. Du côté de la télé, depuis son lancement, Tou.tv offre une sélection intéressante de séries télés, de documentaires et de films d’ici et d’ailleurs. Plus récemment, La Fabrique culturelle qui se définit à la fois un webmagazine, un lieu de création, de rencontres et de diffusion artistiques pour l’ensemble du Québec agit comme une grande bouffée d’air frais dans le milieu culturel. En effet, les multiples fonctions de cette plateforme montrent bien l’étendue des possibilités en matière de production et de mise en valeur des arts sur le web.
Encore faut-il que l’État finance adéquatement ces projets pour qu’ils puissent porter tous leurs fruits. De même, la nouvelle politique culturelle annoncée par le gouvernement du Québec pour 2016 devra impérativement tenir compte des bouleversements technologiques qui secouent présentement le monde des arts.
Pour prendre en douceur ce virage numérique et répondre aux défis qu’il suscite, on doit s’assurer que nos créateurs et institutions disposent des moyens nécessaires pour que notre production culturelle soit vivante et qu’elle rayonne à la mesure de ses talents et ambitions. Parmi ces défis, notons la protection des droits d’auteur, trop souvent bafoués à cause de législations qui ne tiennent pas compte des réalités nouvelles en la matière. Les artistes doivent à la fois être protégés contre le téléchargement illégal, mais aussi, l’émergence de plateformes dédiées à la diffusion de leurs œuvres doit être encouragée.
De leur côté, les artistes devront faire preuve de créativité et de flexibilité pour répondre aux demandes en constante évolution des consommateurs. À mon avis, l’album survivra aux bouleversements de l’industrie musicale mais il constituera peut-être un support parmi d’autres.
Finalement, au cours des prochaines années, espérons que des projets de préservation de notre patrimoine comme celui d’Éléphant se multiplieront pour s’assurer que notre patrimoine culturel demeure bien vivant, se transmette au fil des générations et de par le monde.
Myriam D’Arcy
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Sur le même sujet :
- La culture nationale : antidote au mépris de soi (1).
- Le rôle des médias dans la diffusion de la chanson d’ici (2)

Crédit André Chevrier
100 bougies pour Félix Leclerc!
Depuis les commémorations ratées du 400e anniversaire de la fondation de Québec en 2008, on se désole souvent du peu de cas que font nos institutions et les médias des anniversaires historiques et des commémorations.
Par contre, ces jours-ci, nous constatons avec bonheur une exception : celle du 100e anniversaire de naissance du grand Félix Leclerc. Considéré par plusieurs comme le « père » de la chanson québécoise, Félix Leclerc a fait rayonner le Québec partout dans le monde et du même coup, a contribué à nous donner confiance en nous-mêmes et nous a appris, comme Gilles Vigneault, Claude Léveillée et d’autres, à aimer ce que nous sommes, assez pour en être fiers, assez pour avoir envie que notre peuple dure et s’épanouisse.
Décédé beaucoup trop tôt, il y a déjà 26 ans, Félix Leclerc a laissé une œuvre immense, immortelle et intemporelle. Ses chansons sont toujours bien vivantes et souvent reprises par les artistes contemporains comme en témoigne le spectacle hommage offert le 3 juillet dernier en ouverture du Festival d’été de Québec. Pensons aussi à la magnifique interprétation du « Chant d’un patriote » de Daniel Boucher (Le 08-08-88 à 8h08, GSI, 2000), ou encore « Le tour de l’île » par Karkwa ( Hommage à Félix Leclerc, Tacca Musique, 2008) ou encore la bouleversante interprétation de « Mon fils » par Catherine Major. (Les Rescapés saison 2, SRC, 2012).
Avec un enthousiasme sincère, les grands médias participent tous à cette entreprise de commémoration. Hier, La Presse et Le Devoir publiaient chacun un texte rappelant l’importance de l’œuvre musicale et littéraire du poète, tandis qu’Ici Musique a conçu un dossier fort intéressant, en plus d’une web radio permettant d’écouter ses plus belles chansons
De son côté, l’animatrice Catherine Pépin consacrait à Félix une édition spéciale de son excellente émission Le temps d’une chanson (en rediffusion sur le web) à l’occasion de laquelle elle a présenté des chansons et surtout, des archives passionnantes.
Il y a quelques jours. sur son site, l’Office national du Film (ONF) a mis en ligne une section permettant de découvrir Félix le comédien, en rendant disponibles 7 films auxquels il a participé.
Finalement, au début de l’été, la Maison Félix Leclerc située à Vaudreuil a ouvert ses portes après plusieurs années d’attente. De leur côté, les résidents de la région de Québec peuvent se rendre à l’Espace Félix-Leclerc, situé à l’Île d’Orléans pour profiter de la programmation spéciale offerte à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance.
En ce 2 août, célébrons la mémoire de Félix Leclerc et profitons de l’occasion pour faire découvrir son œuvre aux plus jeunes et à ceux qui ont récemment choisi d’habiter le Québec. C’est une excellente manière de lui rendre hommage, et de se rappeler à quel point les Québécois sont riches d’un patrimoine culturel exceptionnel, grâce à des hommes et des femmes comme Félix qui nous ont révélé à nous-mêmes.
Myriam D’Arcy

Crédit André Chevrier