Chorus: entre ombre et lumière
Il y a quelques jours prenait l’affiche le très attendu Chorus, dernier opus de François Delisle (Le bonheur c’est une chanson triste, Deux fois une femme, Le météore) qui a clôturé les derniers Rendez-vous du cinéma québécois. Le film raconte le deuil de Christophe (Sébastien Ricard) et Irène (Fanny Malette), dont leur fils Hugo, 8 ans, est décédé 10 ans auparavant dans des circonstances jusqu’alors jamais élucidées. Les premières scènes présentent les aveux de l’assassin d’Hugo, grâce à qui les restes de l’enfant sont retrouvés. Durant toutes ces années, les deux parents ne sont pas parvenus à reprendre leur cours normal de leur existence : Christophe a fui sa peine au Mexique, là où il a cherché en vain un peu de réconfort et Irène a trouvé en la musique et le chant un exutoire à ce mal qui la ronge nuit et jour.
Le film est divisé en trois actes qui déterminent la suite du récit. D’abord, la découverte du corps de leur fils force la réunion des parents dont le couple a volé en éclats suite au drame. Ensuite, la cérémonie funèbre enfin célébrée permet à Christophe et Irène d’entamer ce deuil qu’ils n’auraient pu faire autrement et d’envisager l’avenir. C’est aussi à ce moment qu’ils réussissent faire la paix, entre eux et avec le passé. Finalement, la rencontre d’Antonin, l’ami d’enfance d’Hugo offre un peu de lumière en ces jours sombres.
Le film est remarquable à plusieurs niveaux. D’abord, le récit est efficace et ne verse pas inutilement dans le mélodrame. Les évènements qui s’enchaînent sont crédibles et touchent droit au cœur. Pour leur part, les acteurs offrent tous une solide performance, juste, toute en retenue et émouvante. En plus de Fanny Malette et Sébastien Ricard, les personnages secondaires, la mère d’Irène campée par Geneviève Bujold, et surtout, Pierre Curzi, qui incarne le père de Christophe, sont forts et crédibles.
Tournées en noir et blanc, les images sont lumineuses et magnifiques. Elles offrent un contrepoids saisissant et salutaire avec le propos sombre. Aussi, les plans filmés au Mexique en été contrastent fort bien avec ceux de Montréal enneigé.
Depuis sa sortie, Chorus a reçu une pluie d’éloges, tant au Festival de Sundance qu’à la Berlinale où il a été présenté un peu plus tôt en février. Malgré ce succès international et considérant la puissance de l’œuvre qui aborde un sujet accessible au grand public, il est regrettable de constater qu’il n’est disponible que dans trop peu de salles à travers le Québec. Espérons malgré tout que le succès sera au rendez-vous.
L’horaire des projections de Chorus dans la grande région de Montréal est disponible ici.
Myriam D’Arcy

Crédit André Chevrier