Musique

Salomé Leclerc: deux nouvelles chansons en attendant la suite

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Ces jours-ci, Salomé Leclerc propose deux nouvelles chansons pour nous faire patienter d’ici la sortie de 27 fois l’aurore, son 2e album annoncé le 23 septembre prochain. Elle a gentiment accepté de nous accorder une entrevue pour nous entretenir de ce disque à paraître et de sa démarche artistique.

Salomé Leclerc Crédit photo: Facebook
Salomé Leclerc
Crédit photo: Facebook

Les attentes sont grandes puisque son premier album Sous les arbres,  paru en 2011, était de ces rares albums achevés à tous les volets, tant pour les mélodies, les voix, textes que pour les arrangements originaux et efficaces. Par les atmosphères enveloppantes qu’elle a su créer, les chansons de Salomé Leclerc nous happent dès la première écoute.

Diplômée de l’École nationale de la chanson de Granby, l’artiste native de Saint-Françoise-de-Lotbinière, petit village situé dans le Centre-du Québec a été découverte en 2009. Elle a tour à tour été primée au concours Ma première place des arts où le prestigieux prix de la Chanson de l’année lui a été décerné, puis, la même année, elle a été récompensée au Festival international de la chanson de Granby.

Salomé Leclerc possède tous les talents : multi-instrumentiste, elle joue batterie, guitare et piano. Elle compose tous les textes de ses chansons et assure une grande partie des arrangements. Sa voix est riche, rauque et fragile tout à la fois et nous envoûte à coup sûr. Si on se risque au jeu des comparaisons, on y trouve une certaine parenté avec la voix de Feist.

Plusieurs chansons valent le détour sur le premier album, et mes préférées sont

« Partir ensemble »

« Sous les arbres »

Et ma préférée: Tourne encore

Un 2e album plus « électro »

Pour la réalisation de 27 fois l’aurore, Salomé Leclerc a judicieusement fait équipe avec Philippe Brault, complice des premières heures de Pierre Lapointe, qui assure la coréalisation. Pour la chanteuse, ce choix semblait tout naturel puisque Brault a fait partie du groupe de musiciens qui l’accompagnaient durant la tournée Sous les arbres. Ensemble, ils jouent la plupart des instruments : elle, les guitares, harmonica et percussions, lui, claviers et arrangements électroniques qui ajoutent une ambiance eighties aux chansons, qu’on remarque plus particulièrement dans Arlon et Vers le sud, les deux chansons proposées ces jours-ci.

Elle est particulièrement fière de cet album qui lui ressemble plus que le premier. « Étant coréalisatrice, j’ai eu davantage mon mot à dire durant toutes les étapes de la réalisation. En ce sens, je le qualifierais de plus personnel. De plus, les chansons et les arrangements collent mieux ensemble et il en résulte des chansons plus abouties et mieux équilibrées. »

 

Pendant l’enregistrement de l’album, Salomé Leclerc a beaucoup été influencée par le disque Amok d’Atoms for peace, le projet parallèle de Tom York, chanteur de Radiohead. « Ce disque m’a beaucoup accompagnée pendant l’écriture des chansons. Même si je ne joue pas encore beaucoup de claviers, ils me touchent. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de travailler avec Philippe (Brault). En général, les guitares électriques sont très présentes dans mes chansons et pour cet album, je voulais ajouter une touche électro qui rappellent les années 1980»

En plus d’Atom for peace, d’autres artistes aux accents vintages la nourrissent et l’influencent, soit la chanteuse britannique PJ Harvey le groupe montréalaisBraids et plus particulièrement leur dernier album « Flourish / Perish » sorti en décembre dernier. « Ce disque-là, je l’ai usé à la corde. Les percussions (programmées et les batteries) nous ont beaucoup inspiré pour 27 fois l’aurore.  Aussi, quand je suis en période d’écriture, j’écoute beaucoup de chansons en français. L’été dernier, ce fût plus particulièrement les albums Variations fantômes  de Philippe B, MA  d’Ariane Moffatt[ et Astronomie du groupe Avec pas d’casque.

 

Arlon, la ville où tout a commencé

Nous avons demandé à Salomé ce que signifie Arlon, le titre d’une des deux chansons parues à la fin du mois d’avril qui figureront sur l’album. « Il s’agit d’une ville en Belgique où nous avons commencé notre tournée européenne en 2013. En après-midi, pendant le test de son, à la basse, Philippe Brault a improvisé un air et je l’ai accompagné pour m’amuser. Sans que je ne le sache, les premiers accords de la chanson venaient d’être composés. De retour à Montréal, nous avons conservé cette séquence présente en ouverture de la chanson ».

 

Dans l’IPod de Salomé

En terminant, nous avons demandé à Salomé Leclerc quels sont ses artistes préférés du moment. Elle s’est prêtée au jeu et voici sa sélection :

  • Alexandre Désilets dont l’album Fancy ghetto est paru en février dernier. Salomé aime particulièrement la chanson Renégat.
  • Rookie, l’album solo de Catherine Leduc (chanteuse du duo Tricot machine) dont Salomé apprécie beaucoup les arrangements et l’ambiance.
  • Maladie d’amour, le dernier album de Jimmy Hunt qu’elle a beaucoup écouté pendant l’enregistrement du sien.

 

Pour voir et entendre Salomé Leclerc

En attendant la parution de l’album prévu le 23 septembre prochain, Salomé Leclerc commencera sa tournée le 24 mai à Saint-André-Avellin. Pour connaître toutes les dates, consultez son site officiel : http://salomeleclerc.com/spectacles.php

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Myriam D’Arcy

Myriam D'Arcy Crédits André Chevrier
Myriam D’Arcy
Crédits André Chevrier

 

 

Aux rythmes de la pop québécoise

Publié le Mis à jour le

(Texte publié le 11 janvier 2014 sur le site Plateau arts et culture)

 

Chers lecteurs, le mois de janvier étant bien entamé, le temps est maintenant venu de tenir les promesses que vous vous êtes faites à vous-même durant la nuit du 31 décembre pour la nouvelle année. Je me doute que la plupart d’entre vous se sont solennellement engagés à faire plus de sport et vous avez promis à votre douce moitié d’étrenner les espadrilles neufs qu’il ou elle vous a offert à votre anniversaire il y a déjà deux ans. La mort dans l’âme, vous décidez de vous rendre à votre première séance de gym.

Vous serez donc contents de savoir que cette semaine, j’ai travaillé pour vous! Au moment de sortir votre IPod pour constituer une liste de chansons avec assez de rythme pour vous donner de l’énergie et du courage pour courir sur le tapis roulant, il vous viendra sans doute à l’esprit d’écouter ces tubes formatés qu’on entend sur toutes les chaînes de musique commerciale ou les sites comme Songza à la grandeur de l’Occident parce que vous êtes persuadés que seules les chansons américaines qui jouent en boîte  livreront la marchandise. Allez, un peu d’originalité! Le répertoire « pop » québécois propose des tonnes de chansons parfaites pour l’entraînement. Coureuse et cycliste aguerrie, cette chronique est d’ailleurs inspirée des nombreuses heures que j’ai passées à sillonner le Mont-Royal au rythme des chansons d’ici.

Pour vous inspirer, j’ai préparé une liste de pièces musicales pour une durée d’environ deux heures afin de supporter les plus ambitieux d’entre vous!

Pour débuter, je vous propose des chansons pleines d’énergie parfaites pour amorcer cette course :

Le premier quart d’heure est déjà écoulé. Une fois atteint votre rythme de croisière, il faudra maintenir la cadence et surtout, ne pas flancher! Les chansons suivantes appellent à l’endurance, la résistance :

On arrive maintenant au mitan. La fatigue commence à vous gagner mais votre volonté est de fer. Vous gardez bien présent à l’esprit vos résolutions et les objectifs que vous vous êtes fixés en écoutant des chansons de circonstances pour chacun d’eux:

Une perte de poids :

Les ravages que vous ferez sur les planchers de danse ou après la fermeture des bars avec la conquête de vos rêves :

Nous sommes à la fin du parcours et vous vous sentez défaillir…

Prenez une gorgée d’eau, épongez votre front et maintenez le cap. Il ne reste qu’une dizaine de minutes avant de franchir la ligne d’arrivée:

Il n’est pas conseillé de terminer une séance d’activité physique de manière trop abrupte. Pourquoi ne pas calmer votre rythme cardiaque qui guidera vos pas sur une chanson de circonstances?

  • Merci la vie • Yann Perreau et Ariane Moffatt, (2012) | 4:13

On remet ça avant la semaine prochaine?

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Myriam D’Arcy

Myriam D'Arcy Crédits André Chevrier
Myriam D’Arcy
Crédits André Chevrier

L’émission « Le temps d’une chanson »

Publié le Mis à jour le

(Texte publié le 14 décembre 2013 sur le site Plateau arts et culture)

L’HISTOIRE EN MUSIQUE

Incursion au cœur des archives et de la mémoire de la musique, Le Temps d’une chanson, animée avec brio par Catherine Pépin les samedis matin sur les ondes d’Espace musique, c’est tout sauf une émission axée bêtement sur les palmarès. D’une durée de 2h00, l’émission débute toujours avec des pièces de l’entre-deux-guerres et des années 30, « la chanson réaliste avec le son poussiéreux des 78 tours » comme aime les qualifier l’animatrice. Par la suite, Catherine Pépin nous fait évoluer dans le temps pour terminer l’émission avec des chansons des années 70. L’émission est ponctuée d’archives et d’anecdotes racontées sur le ton de la confidence. Pour les habitués, une accoutumance qui croît avec l’usage et j’en suis une. Madame Pépin a généreusement répondu à mes questions qui permettront à nos lecteurs de découvrir cette formidable émission.

Myriam D’Arcy : Quelles sont vos influences artistiques et intellectuelles? Les sujets qui vous passionnent?

Catherine Pépin
Catherine Pépin

Catherine Pépin : Je m’aperçois que mon parcours (universitaire et professionnel) est plutôt en accord avec mes goûts (une chance!). J’ai une formation en histoire et en journalisme : j’ai étudié l’histoire deux ans à l’université à Paris et un an à Montréal.

Ensuite, j’ai étudié en journalisme à l’Université de Montréal. J’ai toujours aimé l’histoire, en particulier le XIXe et le début du XXe siècle. C’est très difficile d’évoquer nos influences en trois phrases, mais mon histoire familiale a sans doute laissé une empreinte sur mes goûts : mon père était peintre, un Parisien féru d’histoire et fou de Brassens, et ma mère est Autrichienne, versée dans la musique et imprégnée de l’esprit viennois. J’ai moi-même vécu à Vienne et j’adore la richesse culturelle de cette ville.

MDA : Comment est venue l’idée de cette formidable émission « Le temps d’une chanson »? Pouvez-vous nous expliquer ce que vous souhaitez offrir au public?

Catherine Pépin : Alors là, je dois donner tout le bénéfice à ma réalisatrice Catherine Dupuy. C’est une passionnée de chansons et au printemps 2012, elle m’a proposé ce concept de chansons des années 30 à 70, enrichi d’extraits d’archives de Radio-Canada. Pour tout vous dire, je n’ai pas su voir d’emblée que cette émission allait tant me plaire. Jusque-là, dans mon parcours, je faisais beaucoup d’entrevues sur le terrain, je me nourrissais de rencontres, adorais mener des entrevues…

Mais sans doute d’autres personnes autour de moi ont-elles su que j’allais m’approprier l’émission. Je dis souvent qu’avec «Le temps d’une chanson», je convoque les fantômes : ceux de Brassens, Trenet, Barbara, Ferré, Léveillée, Félix… Sans vouloir sembler trop ésotérique (pas le genre de la maison…) j’ai réellement le sentiment d’entrer en contact avec ces artistes, de converser avec eux d’une certaine manière… Les archives sont un outil extraordinaire : entendre la voix parlée d’un disparu nous en dit long sur sa sensibilité, ses intentions artistiques et souvent, on retrouve dans des entrevues du passé des informations introuvables ailleurs.

Ce que je souhaite offrir avant tout avec cette émission, c’est à la fois un voyage émotif dans notre jeunesse ou notre enfance (la chanson est un vecteur formidable de souvenirs), et en même temps raconter des histoires sur le contexte de création des chansons. Parler de chanson, c’est parler d’histoire, de sociologie, d’art, etc. Au fond, je tente de raconter la grande Histoire collective à travers des chansons qui nous racontent nos petites histoires individuelles.

MDA : Comment se fait votre recherche de thème ou de sujet? Est-ce qu’ils sont toujours déterminés par un anniversaire à commémorer ou un sujet d’actualité (je pense ici au 50e anniversaire du décès de Piaf ou votre récente émission sur la musique en temps de guerre)?

Catherine Pépin : Au début de la saison, en septembre, nous établissons un calendrier des commémorations et nous choisissons des dates pour des émissions spéciales. L’année 2013 a été très riche : le 100e anniversaire de naissance de Charles Trenet[1], le 50e anniversaire de décès de Piaf[2] et le 25e anniversaire de la mort de Félix[3].

Chaque année, autour du 11 novembre, nous consacrons une émission à la chanson en temps de guerre : les histoires, les archives, le répertoire est d’une richesse inouïe et c’est une «spéciale» qui me tient particulièrement à cœur. Les auditeurs se rappellent leur père parti au front, leur grand-père, leur mère restée seule… C’est très émouvant.

Par ailleurs, cette année, lorsque Georges Moustaki nous a quitté, nous avons conçu rapidement un segment spécial autour de ce grand artiste.

Nous veillons cependant à ne pas trop encombrer la programmation avec des émissions spéciales. J’aime aussi la liberté qu’offre une émission standard avec sa part d’inattendu : l’auditeur ne sait jamais où je le mène…

MDA : Quels sont vos artistes préférés? Au Québec ou ailleurs et pourquoi?

Catherine Pépin : J’ai énormément d’affection pour Félix Leclerc, cette force tranquille qui a ouvert la voie à tant d’artistes derrière lui, au Québec comme ailleurs. J’ai également un respect infini pour Charles Trenet qui a fait preuve d’audace et de fougue très tôt dans sa carrière, influençant lui aussi tant et tant d’auteurs-compositeurs. D’une manière générale, je suis séduite par ceux et celles qui brisaient les conventions. Quand Trenet a chanté Verlaine sur un air swing dans les années 30, il faut comprendre que c’était révolutionnaire!

Comment souhaitez-vous qu’on reconnaisse ou commémore leur apport à notre culture?

Catherine Pépin : Alors là, c’est tout simple : enseignons les chansons dans les écoles! De grâce, faites entrer Félix, Vigneault, Brassens dans les cahiers de poésie des petits! Et dès la maternelle! Je connais par cœur «Le petit cheval blanc» de Brassens parce que, du haut de mes 6 ans, cette chanson qui se termine sur la mort du canasson dans la tempête m’avait bouleversée!

MDA : Trouvez-vous que la musique québécoise se porte bien? Et si oui, pourquoi?

Catherine Pépin : Vaste question! Je pense que si Félix voyait ses héritiers aujourd’hui, il ne serait pas peu fier : les Louis-Jean Cormier, Sœurs Boulay, Stéphane Lafleur, Ariane Moffat sont la preuve que l’écriture se porte bien au Québec. Un savoir-faire «distinct» mais libéré de toute folklorisation quand il s’agit de s’exporter.

MDA : En terminant, je ne peux m’empêcher de reconnaitre le titre d’une belle chanson de Claude Léveillée. Y’a-t-il un lien avec lui? Un hommage?

Catherine Pépin : C’est un double-hommage : à Serge Gainsbourg et sa Javanaise («Nous nous aimions, le temps d’une chanson») et à Claude Léveillée («Le temps d’une chanson, le temps de dire je t’aime»). Voyez comme les deux phrases se rejoignent et me rappellent chacune cette si belle pensée de Sylvain Lelièvre : «Une chanson, c’est une tentative d’amitié».

 

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Myriam D’Arcy

Myriam D'Arcy Crédits André Chevrier
Myriam D’Arcy
Crédits André Chevrier

Détentrice d’un baccalauréat en Science politique à l’Université du Québec à Montréal, Myriam D’Arcy poursuit présentement une maîtrise en histoire à la même université. Depuis 2010, elle est responsable de l’animation politique et des évènements de commémorations nationales au Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ). Elle est aussi chargée de projets à la promotion de l’histoire nationale à la Fondation Lionel-Groulx. Depuis quelques années, elle collabore à différents projets de recherche en histoire du Québec. Passionnée par l’histoire et la culture québécoises, elle s’intéresse aux artistes d’ici, d’hier à aujourd’hui.