Antoine Corriveau
Chloé Lacasse : femme orchestre

Je me suis récemment entretenue avec Chloé Lacasse, auteur-compositeur interprète de grand talent qui assure présentement la première partie des spectacles de la tournée d’Alex Nevsky. J’ai découvert Chloé Lacasse au cours du printemps dernier alors qu’elle lançait Lunes, son deuxième album salué par la critique. J’ai tout de suite été séduite par les sonorités pop-rock de ses chansons où se marient des arrangements orchestraux qui se retrouvent sur ces deux albums et qui donnent de l’amplitude et de la profondeur à ses pièces.
Depuis sa tendre enfance, l’artiste de 31 ans se passionne pour les arts et la musique. À telle enseigne qu’elle a longtemps hésité avant d’embrasser une seule carrière, le théâtre ou le chant. D’ailleurs, au milieu des années 2000, elle avait mis sur pied sa propre compagnie de théâtre. Elle me confie:
C.L. : J’ai longtemps eu de la difficulté à choisir et me concentrer sur une seule expression artistique. J’hésitais entre le chant et le théâtre. Enfant, j’ai étudié pendant dix ans le piano classique et par la suite, je me suis inscrite au programme de théâtre musical au Collège Lionel Groulx, ce qui m’a permis de développer et de perfectionner ma maîtrise de ces deux disciplines. J’en ai retiré des enseignements précieux. En spectacle, j’aime réussir à créer des univers particuliers grâce à la mise en scène.
MDA. : Quels sont les artistes qui t’inspirent et t’ont influencée?
C.L. : Enfant, durant mes cours de chant, j’aimais interpréter les chansons des auteurs-compositeurs de l’époque comme Michel Rivard et Pierre Flynn. Par la suite, une fois devenue adolescente, j’écoutais beaucoup de groupes anglophones populaires mais j’ai eu envie d’écrire en français grâce à eux et aussi, des femmes comme Marie-Jo Thério et Jorane. Ce sont les premiers qui m’ont intéressée à la musique francophone. Plus récemment, je dois avouer que Lhasa de Sela m’a beaucoup touchée. J’aime aussi particulièrement Alex Nevsky qui fait une excellente pop, accrocheuse sans tomber dans la facilité. De plus, ses textes sont bien écrits.
Plus tard, j’ai eu la chance de faire un stage d’écriture d’une semaine avec Gilles Vigneault à Natashquan. C’était durant l’été 2011, juste avant de sortir mon premier album. Je venais tout juste de gagner un prix décerné au meilleur texte au concours des Francouvertes. Un soir, j’ai reçu un appel de Mouffe qui m’a contactée pour m’offrir ce stage. Ça été une expérience extraordinaire et fort inspirante. Gilles Vigneault a été extrêmement généreux et je me suis sentie absolument privilégiée. Entre autres choses, j’ai retenu de lui la force du travail et son insatiable curiosité. C’est un artisan qui écrit sans relâche, à tous les jours.
Son premier album éponyme paru en 2011 proposait des chansons rythmées que l’on a envie d’écouter à tue-tête en voiture. J’apprécie particulièrement des pièces comme Les yeux d’un fou, Sans réponse et Tout va bien, fort entraînantes. De son côté, Murailles, ma préférée d’entre toutes ses chansons, est tout à fait représentative de la signature sonore de Chloé Lacasse rock et classique où les percussions et les cordes s’entremêlent dans un rythme pop.
La coréalisation de l’album avait été confiée à Antoine Gratton, une première pour lui à cette époque. Cette fructueuse collaboration a été reconduite au moment de produire Lunes, son deuxième opus. Au sujet de son premier disque, elle explique :
C.L.: J’ai toujours aimé les arrangements orchestraux. Dans mes chansons, on entend des cordes, du trombone. J’aime marier la pop et les instruments classiques, les arrangements plus élaborés que simplement la guitare et les voix. Quand je réalise un album, j’aime beaucoup travailler les atmosphères pour habiller les chansons.
MDA : Comment s’est déroulée la gestation et l’enregistrement de ton deuxième disque?

C.L. Pour Lunes, Antoine Gratton et moi avons pris le temps de réaliser cet album à notre goût, sans nous presser. J’avais envie de chansons et d’ambiances plus vaporeuses, réconfortantes, qu’on écoute seul. L’esprit sonore est bien différent du premier. Je n’ai pas hésité à travailler à nouveau avec Antoine parce que je n’avais aucun doute que nous n’allions pas nous répéter d’un album à l’autre. Les influences musicales d’Antoine sont extrêmement diversifiées et lui aussi aime s’attarder aux arrangements. Notre collaboration va donc de soi et tout est facile entre nous.
MDA : Comment le décrirais-tu comme réalisateur?
C.L. : Antoine est comme sur scène, c’est-à-dire passionné. Il insuffle beaucoup d’énergie à tout ce qu’il touche. De plus, il ne connait pas la routine. L’enregistrement de chacune des chansons se déroule différemment. On les abordait de manière exploratoire, ce qui fait que nous étions toujours en état de découverte.
D’ailleurs, il en résulte de très belles pièces telles qu’Un oiseau dans la vitre, Écoute sans parler, notamment pour les percussions et les voix qui semblent se répondre en apportant un souffle intéressant, Renverser la vapeur dont l’énergie rappelle le premier album. Finalement, Rester là, une très belle chanson qui commence en douceur et nous entraîne très rapidement dans un rythme plus rapide grâce aux cordes et piano.
Dans l’IPod de Chloé Lacasse
C.L. : Willows, le superbe premier album de Geneviève Toupin, l’une des musiciennes de mon groupe. Ensuite, j’aime beaucoup L’alchimie des monstres de Klô Pelgag, Antoine Corriveau dont l’album a été très bien reçu. C’était pleinement mérité. Je trouve aussi que l’écriture de Philippe B est très belle, lui qui nous a offert il y a quelques mois En ce moment, ça fait plaisir de constater qu’il y a beaucoup d’artistes talentueux qui lancent des disques.

Tournée au Québec et en France
L’automne de Chloé est particulièrement rempli. En plus d’assurer la première partie des spectacles d’Alex Nevsky dans plusieurs villes du Québec durant le mois d’octobre. Elle offrira une prestation musicale à l’émission Belle et bum le 25 octobre et se produira au Verre bouteille le 10 novembre dans le cadre du festival Coup de cœur francophone. Par la suite, à la mi-novembre, elle amorcera une tournée en France qui la conduira aux quatre coins de l’Hexagone à l’occasion d’une douzaine de spectacles. Finalement, le spectacle initialement prévu le 23 octobre au Cabaret La Tulippe vient tout juste d’être reporté le 19 février prochain. Toutes les dates de spectacles sont annoncées sur son site internet.
Myriam D’Arcy

Crédit André Chevrier