Carnets des rendez-vous du cinéma québécois : Courts métrages au programme! (1)
par Marco Fortier
Du 19 au 28 février 2015 a lieu la 33e édition des Rendez-vous du cinéma québécois. On nous présente une belle programmation variée souvent en présence des réalisateurs, scénaristes et acteurs qui ne demandent pas mieux qu’échanger avec le public. Je ne peux que vous recommander d’aller vivre cette expérience et d’encourager nos artistes d’aujourd’hui et de demain.
En deux jours, j’ai pu visionner 4 longs métrages et 15 courts métrages. C’est de ces derniers dont je veux vous parler aujourd’hui.
LE BONHEUR, LE BONHEUR, PIS APRÈS ?

Crédit: Ariel Poupart
Samedi dernier, j’ai assisté aux courts-métrages présentés dans le cadre du programme Le bonheur, le bonheur, et puis après à la salle Fernand Séguin de la Cinémathèque québécoise. Les 9 courts-métrages du premier groupe variaient de 2 à 21 minutes, et ont tous été réalisés par des étudiants ou récents diplômés en cinéma des différentes universités du Québec. La salle était bondée par ce qui semblait être des parents, amis, étudiants ou collègues des réalisateurs. Ceux-ci étaient tous présents et sont venus devant la salle suite à l’appel de leur nom. Il y avait de la fébrilité dans l’air.
Les thèmes abordés allaient de la tristesse suite au rejet, à la séparation, la dépression ou le décès d’une personne aimée, en passant par la solitude, l’amitié brisée entre adolescents, jusqu’à la détérioration de notre environnement. Bref le bonheur n’était pas au rendez-vous, bien au contraire.
Le défi de taille pour un réalisateur de court métrage est de raconter une histoire qui interpelle le public, de lui présenter des personnages complexes, réels ou fictifs, en seulement quelques minutes. Plusieurs ont très bien réussi et je vous présente mes coups de cœur ci-après.
Il est toujours intéressant d’assister au premier visionnement public d’un film en présence des artistes impliqués. L’atmosphère qui règne dans un festival comme le RVCQ est bien différente de celle qu’on retrouve normalement. On peut ressentir la nervosité, la joie, la fierté des artistes et la curiosité du public. Le RVCQ est une vitrine très importante pour les courts-métrages et leurs jeunes réalisateurs qui ne jouissent habituellement pas d’une aussi grande visibilité que celle accordée aux longs métrages.
Seul(s)
Kevin Landry – Seul(s) (INIS, 2014, 11 min)
Mon premier coup de cœur va à Seul(s), dont le scénario a été écrit par Luis Molinié et du réalisateur Kevin Landry qui détient une formation en réalisation de l’INIS, ainsi qu’un baccalauréat en communication, profil cinéma de l’UQAM. Il aborde, d’une façon tout à fait inattendue et très originale, le thème de la solitude. Onze minutes pendant lesquelles le personnage principal, Nicolas, joué par Danny Gilmore, nous promène dans un labyrinthe de découvertes de soi par les autres et dont on se demande comment il s’en sortira.
* À noter que Seul(s) sera projeté en compétition du festival du Film Étudiant de Québec du 20 au 22 mars 2015, ainsi qu’au Festival du Film de l’Outaouais du 20 au 27 mars 2015.
Bromance
Florence Pelletier – Bromance (ADDR, 2014, 7 min)
Mon second coup de cœur va à Bromance de la réalisatrice montréalaise Florence Pelletier, récemment diplômée de l’Université Concordia. Elle a aussi remporté le prix du meilleur film réalisé par une femme pour son court métrage Mes anges à tête noire au Festival du film étudiant de Québec en 2013. En 7 minutes, elle brosse le portrait d’une relation entre deux jeunes adolescents fort sympathiques interprétés par Nicolas Fontaine et Luka Limoges. Le film débute par un punch qui nous fait tous rigoler et réussit bien à nous garder en haleine jusqu’à la fin. La qualité des images mérite d’être soulignée.
*À noter que Bromance sera présenté au Short Film Corner du Festival des films de Cannes du 13 au 23 mai 2015.
Demain et l’autre d’après
Francis Lacelle – Demain et l’autre d’après (INIS, 2014, 7min)
Mon troisième coup de cœur va à Demain et l’autre d’après principalement pour la qualité de jeu des deux acteurs principaux : Marianne Farley et Patrick Hivon. Ce court métrage d’une durée de 7 minutes a été réalisé par Francis Lacelle et Clodie Parent (scénario) qui se sont inspirés de la vie en banlieue de ce dernier, alors qu’il était adolescent. L’histoire est simple mais le scénario fait ressortir l’intensité des émotions ressenties par les deux personnages. En très peu de mots, on comprend bien le drame qui se vit devant nos yeux.
*À noter que le film Demain et l’autre d’après a gagné Le Prix Cinémental pour le meilleur court métrage canadien-français du Festival Cinemental au Manitoba qui a eu lieu du 17 au 19 et 24 au 26 octobre 2014. Ce prix a été décerné par un jury, formé cette année de Lorraine Bazinet, Bertrand Nayet et Norman Dugas. Le film sera aussi présenté au Festival du film de l’Outaouais du 20 au 27 mars 2015.
Ce qui fane
Samuel Pinel-Roy – Ce qui fane (Samuel Pinel-Roy, 2014, 21 min)
Mon coup de cœur suivant va à Ce qui fane du réalisateur Samuel Pinel-Roy(1), originaire de Rimouski et détenteur d’une maîtrise en arts de l’UQAC. Le réalisateur nous présente la détresse d’un petit garçon d’environ 10 ans suite au décès de sa grand-mère. Dans ce court métrage de 21 minutes, nous sont livrées de superbes scènes d’extérieur d’hiver dans le petit village d’Armagh dans la région de Bellechasse, de gros plans silencieux qui en disent long, et un choix musical recherché. On ne peut qu’être touché par ce petit garçon dont l’avenir est incertain.
* À noter que Ce qui fane sera présenté dans le cadre du festival Regard sur le court métrage au Saguenay, mercredi 11 mars 2015 à 19h00 au Théâtre Banque Nationale à Chicoutimi.
La conspiration du bonheur

Crédit: Larry Rochefort
Édouard Dufour-Boiteau – La conspiration du bonheur (Capturographe, 2014, 11min)
Mon dernier coup de cœur de cette série est pour La conspiration du bonheur du réalisateur Édouard Dufour-Boiteau. Un film lent qui traduit la tristesse d’un pédopsychiatre et de son jeune patient avec qui il partage un drame similaire. On sympathise avec les personnages qui savent nous transmettre leur désir de vivre et de surmonter ces moments difficiles. Du même réalisateur, When Bad Meets Evil a été présenté au Short Film Corner de Cannes.
- StarLite Film Festival en Floride, du 26 février au 1er mars 2015
- Festival du Film Étudiant de Québec, du 20 au 22 mars 2015
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(1) Du même réalisateur :
- Cinq réalisateurs, dont Samuel Pinel-Roy, ont reçu une carte blanche pour produire un vidéoclip sur la chanson Stroboscope, une musique de Frank et le Cosmos, qui sera diffusé à Regard dans le cadre d’un projet initié par La Bande Sonimage http://bandesonimage.org qui s’appelle Explorations Cosmiques. Il sera aussi diffusé sur la Fabrique Culturelle d’ici 3 semaines.
- En 2008, Il a gagné (avec Gabriel Fortin et Maxime Milette) le Grand Prix Télé-Québec au Festival du Documenteur de l’Abitibi-Témiscamingue avec le film Donnant donnant, dans le concours de création (produire un documenteur sur place en 72heures) https://vimeo.com/48294647
- Il est aussi directeur photo. https://vimeo.com/109044935
Samedi, la suite des carnets des Rendez-vous du cinéma québécois – courts métrages au programme!
Marco Fortier
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