Rhodes Island International Film Festival

Carnets des Rendez-vous du cinéma Québécois (3) : suite et fin!

Publié le Mis à jour le

CAPHARNAÜM

Samedi le 28 février 2015, dernière journée des Rendez-vous du cinéma québécois, j’ai assisté aux courts métrages présentés dans le cadre du programme Capharnaüm à la salle Claude Jutra de la Cinémathèque québécoise. Huit courts métrages ont été présentés, variant de quatre à dix-neuf minutes. La salle était presque pleine. On reconnaissait les mêmes visages fidèles et ça sentait l’excitation de la fin de cette semaine super active.

La plupart des films n’avaient pas d’histoire à proprement parler, mais visaient plutôt à  nous présenter de belles images et nous faire ressentir des émotions sans nécessairement les mettre en contexte. On se laisse emporter par la danse, la descente aux enfers de la drogue, l’adolescence en planche à neige, l’attente ou encore les voyages. Par contre, deux films proposaient un scénario qui racontait une histoire plus élaborée. Ils font  partie de mes trois coups de cœur dont je souhaite vous entretenir.

Je suis une actrice

Benoit Lach – Je suis une actrice  (Blachfilms, 2014, 8 mins)

Jade-Mariuka Robitaille Source : Benoit Lach Crédit : Olivier Gossot.
Jade-Mariuka Robitaille
Source : Benoit Lach – Crédit : Olivier Gossot.

De loin, mon premier coup de cœur va à Je suis une actrice  du réalisateur, producteur et scénariste Benoit Lach, co-écrit avec Vincent Lafortune. Le film a gagné le prix de la meilleure comédie court métrage en 2014 au Rhodes Island International Film Festival.

Que ne ferait pas une jeune actrice pour décrocher un rôle? Le scénario est drôle, original et percutant. L’humour est intelligent et porteur d’une certaine réflexion sur les relations qui peuvent se développer entre  des réalisateurs établis et de jeunes acteurs qui débutent leur carrière. Le dialogue est coloré et les silences éloquents. Les deux actrices sont excellentes et resplendissantes : Jade-Mariuka Robitaille dans le rôle de l’étudiante déterminée et Sophie Faucher en réalisatrice guru à la recherche de disciples inconditionnels. La qualité de l’image englobe bien le tout. J’ai ri et adoré! Vraiment, bravo!

À noter que le film sera projeté prochainement au festival Regard sur le court métrage au Saguenay du 11 au 15 mars 2015.

 

Bounce, this is not a free style movie

Guillaune BlanchetBounce (Travelling, 2014, 4 mins)

Source : Travelling  Crédit photo : Guillaume Blanchet
Source : Travelling
Crédit photo : Guillaume Blanchet

Mon second coup de cœur va à Bounce, this is not a freestyle movie dont le réalisateur propose « rebond » comme traduction française. Guillaume Blanchet nous provient du milieu de la publicité parisienne. Il y a six mois, il a fièrement reçu, sa citoyenneté canadienne et travaille maintenant comme concepteur-rédacteur et réalisateur indépendant. Pendant deux ans, il a voyagé avec, pour seul compagnon, son ballon de soccer. On les voit, la plupart du temps seuls, déambuler un peu partout à travers le monde. Chaque fois qu’il le botte le ballon, il se voit téléporté ailleurs.  Sans qu’on ait le temps de reconnaître l’endroit, les images s’enchaînent rapidement.. Par contre, le mouvement est continu, comme si la trajectoire du réalisateur-comédien et de son ballon ne subissait aucune interruption d’un pays à l’autre. Bounce est un film sans parole et prend une toute autre dimension humaine pendant le générique où on y voit,  avec humour, les personnes rencontrées durant le tournage, toutes souriantes et volontaires.

Le film sera prochainement projeté au:

 

Les cennes chanceuses

Émilie Rosas – Les cennes chanceuses (Travelling, 2014, 17 min)

Source : Travelling  Crédit photo : Pierre-Luc Asselin
Source : Travelling
Crédit photo : Pierre-Luc Asselin

Mon troisième et dernier coup de cœur de cette série va à Les cennes chanceuses de la réalisatrice Émilie Rosas, diplômée de l’UQAM en cinéma et de l’INIS en réalisation. Un jeune garçon est négligé par les adultes qui l’entourent. Toutefois, la conclusion est pleine d’espoir. La distribution est composée de Mathieu Gagné (le jeune garçon), Rosalie Gaucher (la jeune fille), Hélène Florent (la mère), David Boutin (le père) et Michel Charrette (un ami des parents). On est touché par ce petit garçon vivant dans un contexte familial difficile et qui demeure intègre dans ses valeurs et ses sentiments.

Le film sera également projeté au :

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FICTIONS DU RÉEL

Cette deuxième série de courts métrages fut présentée le samedi 28 février 2015 à la salle Claude Jutra de la Cinémathèque québécoise. D’une durée variant entre 15 et 49 minutes et regroupés sous le thème Fictions du réel, on y présente trois histoires aussi différentes les unes que les autres, et dont on discerne difficilement le vrai du faux.

Encore une fois la salle était pleine. Pour le bonheur des spectateurs, les trois réalisateurs étaient présents et en ont profité pour remercier leur équipe de tournage ainsi que le public. Comble de malchance, l’alarme d’incendie a résonné pendant la projection du second court métrage et nous avons dû évacuer les lieux pendant une vingtaine de minutes. Heureusement, rien de grave. Nous avons finalement pu retrouver nos places pour enfin profiter de ces dernières projections.

 

La douce agonie d’un désir dérobé

Emmanuel Létourneau Jean  et Alexandre Prieur-Grenier La douce agonie d’un désir dérobé (Nesto Cienfuegos, 2014, 45 mins)

Mon seul coup de cœur de cette série va à La douce agonie d’un désir dérobé des réalisateurs Emmanuel Létourneau Jean et Alexandre Prieur-Grenier, aussi scénariste. Quatre amies d’enfance, à l’aube de la trentaine, partagent un repas chez l’une d’entre elles. Au cours des discussions, alcool aidant, elles décident de révéler à tour de rôle un secret qu’elles n’ont jamais dit à personne.

Source : Emmanuel Létourneau Jean Crédit photo : Martin Leduc-Poirier
Source : Emmanuel Létourneau Jean
Crédit photo : Martin Leduc-Poirier

Bien honnêtement, j’ai tout d’abord été agacé par le niveau de langage puéril où les mots « genre » et fucking » sont présents constamment, voire plusieurs fois dans la même phrase. Mais j’ai soudainement reconnu, dans leur style et façon de s’exprimer, des jeunes filles de mon entourage et  me suis donc laissé séduire. On oublie que ce sont des actrices et on  a l’impression d’être avec elles, un peu en retrait peut-être, mais bien présent. Elles parlent tout naturellement, souvent toutes en même temps. Elles sont vraies, sympathiques, drôles et  touchantes. On ne reste pas indifférent à leurs histoires et elles nous font passer par toutes sortes d’émotions.

J’ai adoré. Bravo au scénariste, aux réalisateurs et bien sûr aux quatre actrices : Marie-Emmanuelle Boileau, Alexa-Jeanne Dubé, Marie-Pier Favreau-Chalifour et Catherine Paquin-Béchard.

C’est déjà la fin de cette 33ème édition du Rendez-vous du Cinéma Québécois. Ce fut une première et agréable expérience pour moi que je  souhaite bien répéter l’an prochain.

Bientôt à venir : un article sur l’exposition Benoit Aquin : Mégantic photographié au Musée des beaux-arts et un autre sur le dernier concert de l’ensemble vocal À Contrevoix, lors de la nuit blanche à Montréal.

Marco Fortier

Marco Fortier
Marco Fortier